Pour sa deuxième participation à la Biennale internationale des Arts de Dakar (Dak’Art 2016), le Samu Social Sénégal a organisé une exposition des photographies de Nathalie Guironnet, une photographe qui a effectué un reportage sur les activités des enfants hébergés dans le centre. Le 17 mai un vernissage a inauguré l’exposition qui a duré 3 semaines, à la fin de cette exposition 60% des recettes ont été reversées au Samusocial Sénégal pour améliorer le quotidien de ces enfants.
Le reportage sur les enfants du Samusocial s’est fait grâce à un heureux concours de circonstances. La photographe Nathalie Guironnet a été mise en relation avec Isabelle de Guillebon, directrice actuelle du Samusocial Sénégal pour mettre en place ce partenariat. C’est ainsi que commence le projet qui durera plusieurs mois entre octobre 2015 et janvier 2016.
Voici le témoignage de Nathalie Guironnet après les quelques mois passés dans le centre au contact de ces enfants de la rue :
« Au-delà de la galère et du traumatisme que vivent les enfants des rues au Sénégal, il m’a fallu un peu de temps avant de décider d’axer mon reportage vers le côté positif de l’accueil de ces enfants exclus de la société plutôt que sur l’enfer de la vie dans les rues ou sur les urgences de nuit. Chaque nuit grâce aux équipes mobiles d’aides, ces enfants et jeunes arrivent dans les centres d’hébergement.
Comment ré-apprendre à vivre, à jouer, à étudier quand on vit dans la rue ? Comment ré-apprendre à trouver une place dans la société, à se comporter comme un enfant, à comprendre ce qui est arrivé ?
Avec l’aide du Samusocial et des autres ONG, les enfants qui le souhaitent peuvent se reposer et se soigner. Le jour, les activités permettent de les stimuler et de leur rappeler qu’il existe une vie plus adaptée à celle de la rue : cours d’alphabétisation, sport, poterie, jeux, promenades, football, chant, etc. Toutes ces activités permettent à l’enfant de se replacer dans un contexte lié à son âge, à son statut de mineur, et à réfléchir sur sa fragilité dans la rue. Règles des jeux et discipline, apprentissage de l’alphabet, partage des repas et des charges quotidiennes, autant d’espaces clairement définis pour leur fixer des limites. Des psychologues, infirmières et animateurs les entourent en permanence pour les accompagner dans leur projet de vie.
La nuit, ils sont en sécurité dans les locaux du Samusocial. Au fil du temps, certains partent, d’autres restent.
J’ai suivi pendant plusieurs semaines les enfants dans leurs activités, découvrant leur quotidien, leurs rires à la fois gais et cassés, leur joie de vivre, de façade ou pas. J’ai essayé de les suivre au plus près, de saisir leurs émotions, l’instant présent.
Impossible de montrer des visages identifiables, le défi technique était donc de montrer sans montrer. Particulièrement attachée à montrer les détails, je crois bien que cela n’a que peu influencé le reportage, bien que parfois j’ai pu le regretter : de nature espiègle, les enfants aiment naturellement être pris en photo et prendre des poses. Il était donc frustrant de leur expliquer que je n’avais pas le droit de les prendre de face. Enfin presque, car si les photos qui sont destinées à la vente se doivent de protéger le droit à l’image des enfants, les autres photos, dont une grande partie sera destinée aux archives documentaires du Samu, ne sont pas soumises à cette règle là .
Le reportage achevé, il restera une trace du passage de certains d’entre eux. Des enfants qui, on l’espère, auront pu profiter de leur passage au Samusocial pour redevenir des enfants. »
Nathalie Guironnet